« J'avais cinq ans et j’étais en maternelle. Je longeais le terrain de football pour rentrer chez moi quand j’ai vu tous ces enfants qui jouaient. Je me suis arrêtée, espérant qu'ils me demanderaient de se joindre à eux, et effectivement, ils ont cessé de jouer quand ils m'ont vue. Mais il s’est fait un silence pesant. Finalement, un des enfants a crié « little n***** ». Un autre a répété « little n***** ». Puis tous se sont mis à scander « little n***** ». Je n’ai pas vraiment compris sur le moment, mais je savais que quelque chose ne tournait pas du tout rond. Et je savais que ça faisait mal. Je suis rentrée chez moi en courant pour raconter cet épisode à mes parents, mais au fond de moi, je sentais déjà confusément qu’il serait suivi de beaucoup d'autres du même genre.
Vingt ans plus tard, au début de ma carrière professionnelle dans une société de consultance – à prédominance blanche et masculine –, j’ai à nouveau senti que je n’étais pas comme les autres. J’étais jeune et sans expérience – et en plus, j’étais une femme. Je me souviens de la première fois où j’ai été invitée à un des senior meetings. Je me trouvais déjà dans la salle de conférence – largement en avance – quand tous les hommes sont entrés. Je n’en connaissais pratiquement aucun. La plupart se sont salués, certains m’ont saluée aussi, puis ils se sont assis autour de la table et lorsque le dernier est arrivé, il m’a regardée et m’a dit : « Bonjour mademoiselle, pouvez-vous m’apporter un café avec du lait s'il vous plaît. »
On pourrait penser de prime abord que se sentir ainsi exclu est une expérience dévastatrice, mais c’est finalement une grande chance. Je ne serais pas là où j’en suis aujourd'hui si je n’avais pas vécu ces expériences.Janina Kugel, Chief Human Resources Officer
Les personnes à qui on a fait sentir qu’elles étaient différentes, dit Janina, seront d’excellents leaders. Dans cet exposé inspirant, elle nous livre ses conseils pour travailler avec un personnel diversifié ainsi que les leçons à tirer de cette diversité au travail.
