Quand les créatures fantastiques de La Machine prennent vie

De nombreuses années de travail sont nécessaires à la compagnie La Machine avant de révéler au grand public de nouvelles créatures fantastiques mises en mouvement dans les rues de France et à l’étranger. Pour répondre aux exigences de sécurité liées à ces dispositifs de divertissement et optimiser le processus de conception, les ingénieurs de la compagnie ont opté pour les fonctionnalités de simulation d’ingénierie avancées proposées par Siemens.

Si vous avez passé vos dernières vacances d’été du côté de Toulouse, vous avez sans doute croisé un minotaure géant de 14 m de haut ainsi qu’une araignée danseuse d’une envergure d’environ 20 m. À Nantes, vous avez peut-être embarqué dans le Grand Éléphant, animal majestueux doté d’une carcasse métallique irriguée par 2 500 litres d’huile hydraulique. Sur la digue de la plage de Calais, vous n’avez pas pu rater le fameux dragon, construction en acier et bois sculpté de 72 tonnes. A La Roche-sur-Yon, vous avez probablement donné vie à de nombreuses créatures (ibis sacré, crocodile, perche du Nil, grenouille, dromadaire, flamant rose…) sur les bassins de la Place Napoléon. 

Toutes ces créations (et bien d’autres encore) sont nées de la collaboration d’artistes, de techniciens et de décorateurs de spectacle regroupés au sein de la compagnie française de théâtre de rue La Machine, fondée en 1999 et dirigée par François Delarozière. « Cette forme de spectacle vivant intègre l’architecture à l’écriture théâtrale, explique-t-il. Les scènes doivent se jouer dans les lieux utilisés quotidiennement et pratiqués par les citoyens de la ville. Plus qu’à celui du théâtre, nous nous adressons à un public de rue. » Animer la ville et redonner vie à certains quartiers en plaçant le mouvement au cœur de la démarche artistique, telle est l’ambition de cette compagnie. 

Pour réaliser ses constructions, La Machine s’est dotée de deux ateliers à Nantes et à Tournefeuille (Haute-Garonne). De multiples métiers y sont représentés, du spectacle aux métiers d’art en passant par l’industrie et les technologies de pointe afin de concevoir, de fabriquer puis d’installer ces structures hors normes. Le tout dans un contexte réglementaire très encadré. 

Le calcul de structure simule le comportement d’une pièce soumise aux sollicitations de son environnement. Pour ce faire, le bureau d’études de la Compagnie a opté pour une solution complète d’ingénierie assistée par ordinateur avec le logiciel Simcenter Femap de Siemens Digital Industries Software intégrant le solveur Simcenter Nastran. Les experts de SIGMEO, premier distributeur national de ces deux logiciels, ont notamment assuré la formation et le support des ingénieurs de La Machine à la mise en œuvre de Simcenter Femap, qui s’est traduite par des gains immédiats en temps (de 1 à 5 dans la phase de mise en données) et en qualité. 

Si la base de toute nouvelle réalisation reste le croquis réalisé par le créateur artistique, les projeteurs créent les modèles CAO 3D à partir de celui-ci. Vient alors la phase de dimensionnement et de calcul. Une étape cruciale du projet car, au-delà du respect des conditions de sécurité, il convient également de s’assurer que les structures offrent une fiabilité optimale en conditions normales d’exploitation mais aussi lors de circonstances exceptionnelles (comme un séisme, certains départements de France métropolitaine étant placés en zones de sismicité modérée, voire moyenne).

L’étape de post-traitement permet ensuite l’interprétation graphique des résultats de calcul et la génération de rapports. Une fois les paramètres ajustés, le modèle est transmis à l’équipe CAO qui apporte les modifications requises au design initial. Les temps de réalisation des notes de calcul étant optimisés et les tests numériques plus nombreux, la compagnie a pu réduire les essais physiques et a ainsi gagné en agilité.

Un gain de temps indéniable pour les ingénieurs qui peuvent consacrer toute leur énergie à faire varier certains paramètres pour trouver des solutions plus optimisées et plus innovantes, mais aussi pour se lancer dans de nouveaux projets créatifs.  « Nous revendiquons la surprise, le bouleversement du spectateur non captif qui devient public au coin d’une rue », souligne François Delarozière. Avec une hauteur de 35 mètres et un diamètre de 55 mètres, l’Arbre aux Hérons, sculpture mécanique en acier offrant des jardins suspendus et un bestiaire associé, surmontée d’un héron géant, devrait être inaugurée à Nantes en 2027, et, une nouvelle fois, susciter la plus grande des curiosités. 

Octobre 2021